Conseils Emploi - Prise d’acte de la rupture : « autolicenciez-vous » en cas de manquement grave de l'employeur

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Conseils Emploi - Prise d’acte de la rupture : « autolicenciez-vous » en cas de manquement grave de l'employeur
Prise d’acte de la rupture : « autolicenciez-vous » en cas de manquement grave de l'employeur

Votre employeur ne vous a pas rémunéré ou a oublié de vous comptabiliser des heures de travail effectuées. Sachez que vous pouvez agir. En effet, dès lors que votre employeur a manqué gravement à ses obligations, il vous est possible de rompre votre contrat de travail (on parle de prise d’acte de la rupture). Il appartiendra dès lors au juge prud’homal d’analyser cette rupture en un licenciement sans cause réelle et sérieuse s’il s’avère que votre employeur a réellement manqué à ses obligations. A défaut de manquement grave, le juge estimera que la rupture produit les effets d’une démission.

Pouvez-vous demander au juge la requalification d’une démission, motivée par des violences physiques de l’employeur, en licenciement sans cause réelle et sérieuse ?

L’histoire :

Une salariée, engagée en qualité de secrétaire sténodactylographe, décide de démissionner. Elle adresse à son employeur une lettre notifiant la rupture de son contrat de travail. Dans son courrier, la salariée justifie sa démission en raison des violences physiques que son employeur lui a fait subir.

Elle saisit néanmoins le conseil de prud’hommes afin d’obtenir la requalification de sa démission en licenciement sans cause réelle et sérieuse.

Ce que disent les juges :

Les juges rappellent que la démission d’un salarié, en raison de faits qu’il reproche à son employeur, s’analyse en une prise d’acte et produit les effets d’un licenciement sans cause réelle et sérieuse si les faits invoqués la justifient. Dans le cas contraire, cette rupture correspond à une démission.

Les juges estiment que toute atteinte à l’intégrité physique ou morale d’un salarié constitue un manquement grave aux obligations de l’employeur justifiant la rupture à ses torts du contrat de travail.

Les juges considèrent que les violences physiques relatées par la salariée dans sa lettre de démission sont établies. Les juges décident donc de requalifier la démission en licenciement sans cause réelle et sérieuse.

Ce qu'il faut retenir

Le salarié peut prendre acte de la rupture de son contrat de travail aux torts de l’employeur si ce dernier ne respecte pas ses obligations.

Lorsqu’un salarié démissionne en raison de faits qu’il reproche à l’employeur, cette rupture peut être requalifiée en prise d’acte et produit les effets soit d’un licenciement sans cause réelle et sérieuse si les faits invoqués le justifient, soit, dans le cas contraire, d’une démission.

Le non-respect de ses obligations par l’employeur doit être suffisamment grave pour que le salarié prenne l’initiative de rompre son contrat de travail.

Il appartient aux juges de vérifier que les faits invoqués par le salarié sont suffisamment graves pour justifier la rupture aux torts de l’employeur.
Arrêt de la Chambre sociale de la Cour de cassation du 30 octobre 2007, N° 06-43327.

CONSEQUENCES FINANCIERES DE LA PRISE D'ACTE

Dans le cas où la prise d’acte produit les effets d’un licenciement sans cause réelle et sérieuse, l’employeur doit verser au salarié : l’indemnité compensatrice de congés payés ; une indemnité de licenciement ; des dommages et intérêts pour licenciement sans cause réelle et sérieuse.

En revanche, dans l’hypothèse où la prise d’acte produit les effets d’une démission, le salarié est redevable de l’indemnité correspondant au préavis qu’il n’a pas exécuté. Il peut également être condamné à verser à l’employeur des dommages et intérêts dans le cas où la prise d’acte lui a créé un préjudice (tel que le détournement de clientèle).

Au moment de la rupture, l’employeur doit faire figurer sur l’attestation Assedic le motif exact de la rupture du contrat de travail tel qu’il ressort de la prise d’acte. Faute de quoi, il s’expose à des dommages et intérêts en fonction du préjudice subi (arrêt de la Chambre sociale de la Cour de cassation du 27 septembre 2006, N° 05-40208).

La prise d’acte est assimilée, dans un premier temps, à une démission par les Assedic. Elle entraîne donc le non paiement des indemnités de chômage. Ce n’est qu’une fois que le juge prud’homal a fait droit aux prétentions du salarié que les Assedic allouent les indemnités.

Source : Juritravail - Prise d'acte de la rupture